Cela fait plusieurs mois déjà que la Fédération des entreprises de propreté et d’hygiène (FEP) interpelle sur le sujet. A l’heure où le gouvernement dit sa volonté de remettre la question des salaires sur la table pour relancer la discussion post-réforme des retraites, ses dirigeants ont saisi l’occasion de l’ouverture du salon Europropre à Paris, mardi 4 avril, pour réaffirmer que « l’acheteur public n’était pas au rendez-vous des engagements » pris il y a un an et demi.
En septembre 2021, les partenaires sociaux du secteur et des représentants des clients, acheteurs publics et privés, s’étaient réunis dans le cadre d’une « conférence de progrès », sous le haut parrainage du gouvernement et de la ministre du travail d’alors, Elisabeth Borne. Dans le contexte post-Covid-19, il s’agissait de trouver comment revaloriser ces métiers dont les travailleurs étaient apparus comme essentiels lors des confinements.
L’occasion de dénoncer des pratiques d’achat « low cost » au détriment des rémunérations et des conditions de travail des salariés. Les employeurs s’étaient engagés à revaloriser les salaires, les acheteurs, le montant des marchés.
Deux poids deux mesures
« Je suis extrêmement déçu du peu de suivi de cette conférence de progrès. Alors que nous avons augmenté les salaires, le montant des contrats publics de nettoyage n’a cessé de diminuer avec, par ailleurs, de plus en plus de contraintes sur les cahiers des charges », déplore Philippe Jouanny, président de la FEP.
Les dernières négociations ont acté pour 2023 d’une hausse de 5,5 % en deux temps, soit au total 11 % en deux ans, alors qu’avec l’inflation, les coûts de produits et matériels ont augmenté de 16 %. Dans un secteur où les marges sont faibles, de l’ordre de 3 % en moyenne, selon M. Jouanny, « l’équation est difficile à tenir ».
Il dénonce un deux poids deux mesures alors qu’il y a un an, le premier ministre avait appelé à mettre en œuvre les leviers juridiques permettant de prendre en compte la flambée des prix de l’énergie dans l’exécution des contrats publics. Mais rien pour la hausse du coût de la main-d’œuvre.
A Matignon, on précise qu’Elisabeth Borne n’a personnellement jamais pris d’engagement. « Il nous faut en appeler à la responsabilité et à la vigilance des donneurs d’ordres, publics ou privés, pour diminuer la pression continue sur les prix », disait-elle à l’époque. Et qu’elle a signé, en mars 2022, une circulaire recommandant aux acheteurs des services de l’Etat de « privilégier la qualité de service pour l’attribution des marchés », pas le prix.
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